Egalité des chances à l'école

Publié le par Antoine

J'écrit cet article principalement comme annexe à un article en préparation à propos d'Ivan Illich. Son but est de fournir des données montrant comment les inégalités sociales sont reproduite dans le parcours scolaire des élèves.

Nous allons examiner la situation en France. J'ai eu du mal à trouver des données statistiques, si vous pouvez en trouver notament sur l'obtention de diplomes et la repartition des résultats du baccalauréat selon les les classes socio-professionnelles (CSP), vous pouvez me les laisser en commentaire ou par mail, je completerais. Voici quand même un panel intéressant :

En commençant par la primaire, voici suivant les CSP les pourcentages d'élèves qui arrivent sans redoubler en 6e :

On observe de très grande disparité au primaire entre les élèves issus des CSP cadres et enseignants : plus de 90% arrivent en 6e sans redoubler ; et ceux issus des CSP ouvriers non qualifiés et sans emploi : 45% arrivent en 6e sans redoubler.

Il semble donc que dès l'école on observe une disparité des résulats. Il y a une certaine logique en ce qu'un enfant dans une famille mieux lotie et surtout d'un niveau culturel plus élevé ai plus de facilité en primaire. Cependant ces résultats auront une incidence sur la suite du parcours scolaire, puisqu'à chaque changement de cycle s'opère une séléction plus ou moins dite dans le choix de l'établissement suivant. 

Parmi les élèves entrés en classe de sixième en 1995, 89 % des enfants de cadres ou assimilés avaient intégré une classe de seconde générale ou technologique six ans plus tard. Il ne s'en trouvait que 41 % parmi les enfants d'ouvriers.

Au lycée les élèves boursiers forment 18% de l'effectif des secondes générales et 30% de l'effectif des secondes techniques. Ces données ne sont pas complètes sur la classe d'age, il manque les pourcentages de boursiers chez ceux qui sortent à 16 ans du système scolaire et chez les secndes pro. Cependant on note déja une forte disparité dans la comparaison voie générale/ bvoie technique.

Au plus haut niveau, les grandes écoles : les élèves issus  des CSP cadres et professions intelectuelles supérieures représentent 63% de l'effectif. En 3e cycle universitaire ce sont 54% de l'effectif. En 2001-2002, les enfants de cadres et assimilés étaient toujours proportionnellement vingt fois plus nombreux dans les classes préparatoires aux grandes écoles que les enfants d'ouvriers, dix-neuf fois plus nombreux dans les filières menant vers les professions de santé. Michel Euriat et Claude Thélot ont ainsi calculé que la proportion des jeunes d'origine populaire (en un sens très large : père paysan, ouvrier, employé, artisan ou commerçant) dans quatre grandes écoles prestigieuses (Ecole polytechnique, Ecole normale supérieure, ENA, HEC) a nettement diminué au cours des cinquante dernières années : elle est ainsi passée de 29 % des élèves dans la première moitié des années 1950 à seulement 9 % au milieu des années 1990 (Michel Euriuat et Claude Thélot, "Le recrutement social de l'élite scolaire en France. Evolution des inégalités de 1950 à 1990", Revue française de sociologie, XXXVI, 1995, pp. 413-438.)

Les inégalités sociales se font sentir à l'école et influent sur le niveau de sortie de l'école. Les formations les plus prestigieuses sont de toute façon résérvée à l'élite.

J'aimerais noter que ce n'est pas entièrement à cause du bagage culturel, il arrive aussi pour plusieurs raisons que les enfants n'aient pas accès à un enseignement de même qualité, même si il y a parfois des efforts accrus effectués dans les zones en difficultés. Il y a d'abord des raisons de mixité sociale : on apprend mieux quand l'enseignant fait face à un nombre réduit de "cas difficiles", il a alors plus de temps à consacrer aux élèves en difficultés. On l'a vu précédemment des raisons de selection à chaque changement de cycle. Les élèves qui commencent moins bien se verront moins bien orientés par la suite. On pourrait aussi noté des raisons ethniques de séléctions, mais qui peut aussi être une simple combinaison des problèmes de mixité et de départ difficile. Les profs sont à mon sens loin d'être les plus racistes des français. Ceci dit c'est un avis personnel.

J'aimerais cité rapidement Denis Meuret, professeur de sciences de l'Éducation, IREDU (Institut de Recherche sur l'Economie de l'Éducation) à Dijon, dans un écrit sortit de son contexte qui est intéressant quand au contexte mais dont la portée est difficile à cerner.  "Je suis aussi pour quelque chose dans la naissance de ces indicateurs. Je voulais soulever un problème technique à propos de ces indicateurs: quand on corrige par l'âge et la catégorie sociale, on considère implicitement que l'origine sociale agit de façon externe au système scolaire. C'est-à-dire que c'est à cause du capital culturel des parents que les enfants d'origine sociale favorisée réussissent mieux à l'école. Et on suppose implicitement aussi, quand on corrige, que ce n'est pas parce qu'ils auraient des meilleures conditions d'enseignement qu'ils réussiraient mieux. On sous-estime donc complètement l'influence des conditions d'enseignement, alors qu'il existe en fait, sur ce point, des écarts énormes entre les établissements."  Les lycées sous le feu de l'évaluation, actes de la sixième nocturne de Pénombre, Conservatoire National des Arts et Métiers, 25 mars 1999


D'autres liens utilisés pour écrire ce passage :
Les inégalités de réussite à l'école primaire, Jean-Paul Caille et Fabienne Rosenwald
La discrimination systémique dans le système éducatif français, Philippe Perrot
Commentaire des tableaux des origines socioprofessionnelles des candidats à l’ENA et des élèves
Bbliographie sur les élèves des grandes écoles
LCR-Rouge, dont j'ai récupéré certaines phrases.

Publié dans Démystification

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L
et si elle ne faisait que les reproduire…
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